****½ De père en flic, d’Émile Gaudreault

On ne le dira jamais assez. Nous avons ici, au Québec, des comédiens de très haut calibre. Lorsqu’en plus on leur remet un scénario bien ficelé, qu’on leur demande de jouer sur tous les registres, des plus loufoques aux plus graves, on obtient un excellent film. Le tandem Michel Côté/Louis-José Houde est criant de vérité dans les rôles des deux policiers aux méthodes si différentes; même chose pour le tandem Rémy Girard/Patrick Drolet qui font aussi partie de ce groupe de thérapie spécialisée dans les conflits père-fils qui sert de toile de fond à ce film consacré aux difficiles relations humaines. Les rôles de soutien sont interprétés de belle façon. Chapeau!

Avec Michel Côté, Louis-José Houde, Rémy Girard, Patrick Drolet ainsi que Caroline Dhavernas, , Jici Lauzon, Patrice Coquereau, Sylvie Boucher, Jean-Michel Anctil, Robin Aubert, Pierre Collin et Normand D'Amour.

****½ La Veuve, de Gil Adamson

D’entrée de jeu, on sait que la veuve a dix-neuf ans, qu’elle a tué son mari et qu’elle est poursuivie par ses deux ex-beaux-frères. Elle fuit vers le nord, ou l’ouest, elle ne sait trop. Nous sommes en 1903, en Alberta.

Dans sa fuite, elle rencontre des personnages étonnants: une vieille dame, un ermite, un nain, un prêtre, des mineurs. Chacun l’aide à sa façon, mais personne ne réussit à vraiment l’apprivoiser. Son histoire, nous, les lecteurs, ne la découvrirons que peu à peu.

D’où vient alors notre fascination? Sans aucun doute de la puissance d’évocation de l’auteure. Nous avons faim, nous avons froid, nous avons peur, tout comme la veuve. La nature devient un personnage aussi tangible que les humains tellement Gil Adamson sait trouver le mot juste. Un grand roman!

Adamson, Gil. La Veuve, Boréal, 2009, 419p.

La Veuve est le premier roman de Gil Adamson pour lequel elle a reçu le Drummer's General Award, le Hammet Prize for Crime-writing et le ReLit Award.

**** Un pays à l’aube, par Dennis Lehane

L’auteur de Mystic River et de Shutter Island s’attaque à une époque moins connue de l’histoire américaine. La Grande Guerre est terminée et des milliers de soldats rentrent chez eux pour voir leurs emplois pourvus par des Noirs. En plus de la grippe espagnole, les habitants de Boston doivent faire face au chômage ou à des emplois mal rémunérés, à une crise économique majeure, à des attentats terroristes, à des grèves, à des conflits de toutes sortes.

Au centre de cette fresque historique et sociale, le célèbre joueur de baseball Babe Ruth, un policier irlandais et un travailleur noir. C’est avec brio que Lehane réunit ces trois personnages qui auront à composer avec les magouilles des mieux nantis, la brutalité extrême de ceux qui protègent le pouvoir, et le racisme omniprésent. Un des personnages réplique d’ailleurs à Luther : «Ce pays ne sera jamais le tien. Tu es un sous-homme et ce pays est un pays blanc». Moins d’un siècle plus tard, ce pays élisait Barack Obama. Peut-être que finalement, les choses peuvent changer.

Lehane, Dennis. Un pays à l’aube, Rivages/Thriller, 2009, 768 p.

**** L'ange de pierre, par Margaret Laurence

À 90 ans, Hagar Shipley n’a rien perdu de sa détermination à conduire elle-même sa destinée. Elle mène la vie dure à son fils Marvin et à sa bru qui n’ont plus vraiment la santé pour s’en occuper.

Au fil des chapitres le présent et le passé s’entrecroisent, révélant une femme toujours fière, qui a souvent fait les mauvais choix mais sans jamais admettre ses erreurs ni ses faiblesses.

On a comparé ce personnage à Tatie Danièle. Elle est en effet aussi acariâtre, égocentrique, incapable de livrer ses sentiments. On s’y attache pourtant. Cela est sûrement dû au talent de l’auteure.

L’ange de pierre, paru en 1964, est le premier roman du Cycle de Manawaka contenant cinq histoires indépendantes les unes des autres et ayant pour cadre un village inventé des Prairies.Le roman vient d'être adapté pour le cinéma.

Laurence, Margaret. L’ange de pierre, Alto, 2008, 438p.

***½ Une divine plaisanterie, par Margaret Laurence

Rachel Cameron, enseignante de 34 ans, vit avec sa mère, possessive et manipulatrice à souhait. Incapable de s’affirmer, que ce soit face à ses collègues, son directeur ou même ses élèves, elle mène une vie étriquée jusqu’à ce qu’elle rencontre Nick. Et pourtant, même là, son incompétence à établir une relation claire avec autrui l’entraîne sur un chemin de traverse.

Même si l’intrigue se situe dans une petite ville manitobaine des années 60, le roman reste d’actualité : la difficulté de communiquer, la peur du qu’en dira-t-on, la recherche égoïste du bonheur…sont, hélas, des thèmes éternels.

Soulignons la très grande qualité d’écriture de Margaret Laurence. Elle trace avec finesse des portraits saisissants. Paru en 1966, le roman a été porté à l’écran par Paul Newman en 1968, sous le titre Rachel, Rachel.

Laurence, Margaret. Une divine plaisanterie, Alto, 2008, 325 p.

***1/2 J'ai tué ma mère, de Xavier Dolan

À cause de ses trois prix remportés à Cannes, le jeune cinéaste Xavier Dolan suscitait ma curiosité. Méritait-il ces honneurs ou étions-nous victimes d’un montage publicitaire? Nul doute ne subsiste dans mon esprit : malgré quelques maladresses, nous avons affaire à un véritable cinéaste, qui sait bien construire un scénario et bien choisir les acteurs pour le défendre. Anne Dorval, en mère dépassée par les reproches de son fils, est bouleversante. La scène où elle rabroue un directeur de pensionnat va devenir une pièce d’anthologie, sans l’ombre d’un doute. Les rôles secondaires sont tenus par des comédiens de haut calibre. S’il continue sur cette lancée, ce jeune homme n’a pas fini de nous étonner.

Avec Xavier Dolan, Anne Dorval, Suzanne Clément et Patricia Tulasne (2009)

***½ Un roman russe, d’ Emmanuel Carrère

Roman-enquête, roman érotique, règlement de comptes? Un roman russe semble être tout cela à la fois.

Au départ, un reportage sur un Hongrois détenu pendant cinquante-trois ans dans un hôpital psychiatrique russe. Quelle belle occasion de renouer avec la terre de ses ancêtres et pourquoi pas, lever le voile sur ce terrible secret de famille qui a empoisonné ses relations avec sa célèbre mère, Hélène Carrère d’Encausse. Ajoutons à cela la description non-censurée de sa relation torride avec la belle Sophie, dont le principal défaut est de ne pas être de «son monde».

Le célèbre journaliste-reporter-écrivain-scénariste-cinéaste-fils de…et récipiendaire de nombreux prix explore avec brio les thèmes de la folie, du secret, de l’identité, du mensonge, de la sexualité. Si le roman n’a sûrement pas fait le bonheur de la secrétaire perpétuelle de l’Académie française ni de son ex-fiancée, il fait le nôtre car force est d’admettre qu’il écrit bien, le bougre!

Carrère, Emmanuel. Un roman russe, P.O.L, 2007, 358 p.

*** L’Élégance du hérisson, de Muriel Barbery

Ce roman a fait le bonheur des libraires qui lui ont accordé leur Prix et de nombreux lecteurs de par le monde. L’auteure, enseignante en philosophie, s’est plu à concevoir des personnages atypiques : une concierge qui cache son immense érudition (comme le hérisson cache sa bonne nature), une adolescente surdouée qui a décidé de se suicider le jour de ses treize ans, une bonne portugaise au grand cœur, un richissime Japonais cultivé. Les autres locataires de l’immeuble sont riches, parvenus et stupides, évidemment. C’est cela qui m’a déplu : d’un côté, les gens humbles mais éminemment bons, généreux, avec une grande âme et de l’autre côté, les riches, mesquins, étroits d’esprit, sans autre qualité que de faire ressortir «l’élégance» des premiers.

Il y a toutefois de fort belles pages et des passages qui suscitent la réflexion. On y rit même car l’auteure porte un regard assez critique mais juste sur la société. Dommage que cela frôle parfois la caricature.

Barbery, Muriel. L’Élégance du hérisson, Gallimard, 2006, 368p.

**** Jeux de paumes, d’Alan Bennett

Un autre livre consacré à la mort, mais cette fois dans un tout autre registre.
Tout le roman se déroule lors de la commémoration du décès de Clive, beau masseur aux mains habiles. La cérémonie rassemble tout le jet set, un officiant songeur ainsi que son archidiacre venu incognito. Cette situation cocasse donne cours à une série de monologues intérieurs désopilants, à des révélations choc et enfin à la panique générale.

C’est charmant, drôle et parfois un peu cruel : un bel exemple d’humour britannique.

Bennett, Alan. Jeux de paumes. Denoël, 2001, 136p.

***½ Un homme, de Philip Roth

Un homme parmi tant d'autres, avec les joies et les soucis que la vie apporte. Mais voilà que l’ombre de la mort l’amène à jeter un regard nouveau sur ce que fut sa vie et à mesurer le poids de la solitude qui accompagne la vieillesse. Il faut beaucoup de talent pour rendre aussi touchante une histoire aussi simple. Et du talent, Philip Roth en a!


Roth, Philip. Un homme, Gallimard, 2007, 160p.

*** Jeux de pouvoir, de Kevin Macdonald

L’assassinat d'un jeune voleur et la mort suspecte de la maîtresse d'un influent membre du Congrès, qui en plus est un ami, amènent le journaliste Cal McAffrey à remonter une filière qui le conduira, on s’en doute, à un complot de grande envergure, où la sécurité de l’État et quarante milliards sont en jeu. Rien de moins! Le méchant n’est pas celui qu’on croyait, on s’en doute aussi. Malgré tout, il s’agit d’un divertissement fort honnête, dû entre autres à l’immense talent de Russel Crowe et d’Helen Mirren.

Le film a aussi le mérite de mettre en lumière une question toujours d’actualité : jusqu’où un journaliste doit-il protéger ses sources? On ne peut que penser au combat que livre présentement Daniel Leblanc.


Avec Russell Crowe, Ben Affleck, Rachel McAdams et Helen Mirren
(2009)

***½ Leela, de Hari Kunzru

J’avais bien aimé L’illusionniste. Le début de Leela nous rassure sur le talent de l’auteur. On y trouve le même humour très «british», le même regard sarcastique sur une société toute vouée au succès et à l’argent. Trois personnages principaux, qui jamais ne se rencontrent, mais qui seront chacun victime de la mondialisation.

D’abord, Arjun Meela, jeune consultant en informatique qui vivra difficilement son rêve américain brisé. Puis Leela, méga-star de Bollywood et idole d’Arun : elle sera bien malgré elle mêlée à la terrible vengeance de son fan. Enfin, Guy Swift, jeune cadre londonien à qui tout semblait vouloir sourire, jusqu’au jour où…Il y a sûrement un parallèle à faire avec la crise actuelle.

Les trois récits n’offrent pas, à mon avis, le même intérêt. J’aurais bien aimé que l’auteur s’attarde un peu plus au destin de son génial informaticien par qui tout arrive.

Kunzru, Hari. Leela, Plon, 2005, 360p.


**½ Le dernier danseur de Mao, de Li Cunxin

Né en 1961 dans un village du nord-est de la Chine, Li Cunxin est promis comme ses six frères et soeurs à une destinée misérable de paysan. Mais voilà qu’à onze ans il est choisi pour faire partie de l’école de ballet mise sur pied par Mme Mao.

Malgré son mal du pays, il se plie à l'impitoyable discipline de la danse et adhère de tout son coeur à la Révolution culturelle. À dix-huit ans, il est envoyé au Texas pour y suivre un stage. Il y découvre un art audacieux, inventif, à mille lieues des pratiques répétitives chinoises. Il y découvre surtout la liberté et une autre façon de vivre. Il obtient l’asile politique grâce à l’appui des Bush. S’ensuivent des tournées triomphales qui l’amènent aux quatre coins du monde, jusqu’à son installation à Melbourne où il devient le danseur étoile de l’Australian Ballet.

La première partie de l’autobiographie est intéressante car elle nous met en contact avec l’enfance et les années d’apprentissage de Li Cunxin, Par la suite, le texte devient répétitif. On devine que l’auteur éprouve un malaise à profiter pleinement d’une vie privilégiée alors que sa famille lutte pour sa survie.

La traduction française laisse beaucoup à désirer : erreurs de syntaxe, mots manquants… Une adaptation cinématographique de ce récit verra le jour d’ici peu.

Li Cunxin, Le dernier danseur de Mao, First, 2008, 494p.

***½ La fille tatouée, de Joyce Carol Oates

Joshua Seigl est un écrivain connu et fort riche. Alma Busch est pauvre, presqu’illettrée et recouverte de tatouages malhabiles. C’est pourtant elle qu’il embauche pour prendre soin de lui à la suite d’une maladie nerveuse dégénérative. Entre eux, une relation trouble : lui, paternaliste et généreux ; elle, en apparence soumise mais remplie de haine, surtout parce qu’il est juif et que les Juifs, il faut les haïr, du moins c’est ce qu’on lui a appris.

Mais Joyce Carol Oates n’écrit jamais de banales histoires. Cette fois-ci aussi, le récit bifurque vers une finale tout à fait imprévisible. Et très dérangeante. Une autre œuvre choc de cette grande auteure.

Oates, Joyve Carol. La fille tatouée, Stock, 2006, 373 p.

*** Je me souviens, d’André Forcier

Au départ, un homme se bat pour syndicaliser les ouvriers de la mine qui l’emploie. Contre lui, le patronat anglophone évidemment protégé par le clergé et Duplessis.

Puis le scénario bifurque : on assistera à la vengeance implacable d’une mythomane injustement soupçonnée de la mort de son mari.

Autre bifurcation : un Irlandais s’installe et apprend le gaélique à une enfant jusque-là muette.

On sort de ce film décontenancé. On cherche le fil conducteur : mis à part la narration faite par le cinéaste lui-même, le film semble aller dans toutes les directions. Ce faisant, il est difficile de s’attacher aux personnages. Pourtant, le film a des qualités indéniables. Les thèmes abordés, entre autres l’exploitation des orphelins de Duplessis, sont intéressants. La reconstitution d’époque est très bien faite. Mais hélas, il y a aussi un climat de violence dérangeant. Malgré tout, un film à voir!

Avec entre autres Céline Bonnier, Hélène Bourgeois-Leclerc, David Boutin, Pierre-Luc Brillant, Roy Dupuis et Rémy Girard (2008)

**** Expiation, de Ian McEwan

J'avais déjà dit le plus grand bien du film tiré de ce roman. Bien sûr, on ne peut faire abstraction de ces magnifiques images à la lecture du livre: Ian McEwan se plaît dans les descriptions minutieuses, ce qui peut agacer au début. Puis on se laisse prendre par la magie du verbe.

Le roman, divisé en quatre parties, mêle habilement le drame familial et la tragédie de la Seconde Guerre mondiale. Tous les personnages, à des degrés divers, sont des êtres de passion et de souffrance. Et l'épilogue, tellement étonnant!

McEwan, Ian. Expiation, Gallimard, 2003, 488p.

Du même auteur: Amsterdam

*** Le voyage du fils, d'Olivier Poivre d'Arvor

L'auteur s'est inspiré d'un fait divers: une immigrée chinoise installée à Paris depuis une dizaime d'années s'est defenestrée pour échapper à une descente de police, qui d'ailleurs ne la concernait pas. L'opinion publique, émue, a payé le voyage du fils pour qu'il ramène les cendres de sa mère à Fushun.

Pendant ces quelques jours, ce dernier aura l'occasion de faire la connaissance d'une réalisatrice d'un film sur Marguerite Duras qui en fera son «amant» et d'un militant des droits de l'homme qui le traite comme son fils. Mais il aura surtout l'occasion de voir le fossé qui existe entre son univers et l'Occident, de constater que sa mère a vécu une vie de misère dans un pays d'abondance et que ce pays dont la devise est Liberté, Égalité, Fraternité traite de bien piètre façon ceux qui espèrent y trouver des jours meilleurs.

Cela aurait pu être un grand roman. Il y manque une intensité dramatique qui aurait unit de façon plus tangible les trois personnages. Le roman s'est quand même mérité le Prix Renaudot des lycéens 2008.

Poivre d'Arvor, Olivier . Le voyage du fils, Grasset, 2008, 246p.

**** Le Rapport de Brodeck, de Philippe Claudel

Gagnant du Goncourt des Lycéens 2007, le roman a obtenu sa part de critiques élogieuses. C’est pourquoi j’ai été étonnée de ne pas tomber immédiatement sous le charme. Il faut dire que le sujet est grave. D’entrée de jeu, il y a un meurtre collectif et Brodeck doit rédiger le rapport. Pourquoi lui? Parce qu’il est le plus instruit du village et parce qu’il n’a pas participé au drame? Peut-être n’est-ce pas là la seule raison.

L’histoire se situe à une époque et dans des lieux non précisés. Certains détails donnent à penser qu’il s’agit d’un petit village d’Europe centrale, à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cela est sans importance. Car l’auteur y aborde ses thèmes préférés : la peur de l’autre, la lâcheté, la cruauté, le mal, mais aussi la compassion, l’amitié, l’amour, l’espoir.

Le talent de Claudel est de multiplier les pistes, de nous révéler l’âme humaine et d’en faire un portrait si poignant qu’on se dit que cela pourrait se passer n’importe tout, même chez nous.


Philippe Claudel a aussi réalisé un film magnifique, Il y a longtemps que je t’aime.


Claudel, Philippe. Le Rapport de Brodeck, Stock, 2007, 414p.



*** L’étrange histoire de Benjamin Button, de Davis Fincher

On ne sera pas surpris si ce film remporte les Oscars pour les maquillages et les reconstitutions d’époque. Par ailleurs, le scénario, tiré d’une nouvelle de Scott Fitzgerald, souffre de longueurs difficilement supportables. Bien sûr, l’histoire est originale : un enfant naît vieux et rajeunira tout au long de sa vie. Mais le récit ne devient vraiment intéressant que lorsque Benjamin a l’âge de l’amour de sa vie, Daisy. Malheureusement, cet amour est menacé : elle ne cesse de vieillir; il ne cesse de rajeunir…

Avec Brad Pitt et Cate Blanchett
(2008)

*** Les Noces Rebelles, de Sam Mendes

Dans l'Amérique des années 50, Frank et April Wheeler désirent une vie plus trépidante : ils projettent donc de quitter le confort de leur petite vie de banlieue et de tenter l’aventure à Paris. La vie les ramènera cruellement à plus de réalisme.

Si ce n’était la performance des interprètes principaux, le film ennuierait carrément. Les deux jeunes gens semblent incapables de communiquer : lui ne comprend pas sa mélancolie, son cafard permanent; elle se méprend sur son apparente insatisfaction au travail. Quant aux enfants, ils sont purement «décoratifs». Le roman est-il meilleur?

Les Noces Rebelles est un film adapté du roman de Richard Yates, La Fenêtre Panoramique

Avec Kate Winslet, Leonardo DiCaprio et Kathy Bates (2008)

***½ La traversée du continent, de Michel Tremblay

«J'ai inventé complètement une enfance à ma mère», dit Michel Tremblay. Et il en profite pour nous offrir un portrait du début du 20e siècle. On y retrouve non seulement son univers de femmes fortes mais aussi ses thèmes favoris : la difficulté à exprimer ses sentiments, la culpabilité, l’homosexualité, les préjugés…

Rhéauna doit quitter un petit village de la Saskatchewan où elle vit heureuse auprès de ses grands-parents et de ses deux sœurs pour rejoindre sa mère qui la réclame à Montréal.
À travers ses yeux de dix ans, nous découvrons certaines nouveautés comme les baignoires, les ascenseurs et les rues pavées de Régina, de Winnipeg et d’Ottawa. Mais surtout, parce que Michel Tremblay est l’habile conteur que l’on sait, celle qui deviendra «la grosse femme d’à côté» va s’ouvrir au monde adulte.


Tremblay, Michel. La traversée du continent, Leméac, 2007, 288p.

****½ Faux coupable, de John Katzenbach

Pour Ashley Freeman, il s’agissait d’une aventure d’un soir. Comment aurait-elle pu deviner que Michael O'Connell allait faire de sa vie un enfer? Que face à cet être obsédé, impitoyable, à l’intelligence vive, elle avait bien peu de chances? Car la force de son tortionnaire, c’était sa capacité à instiller le peur. Et il aimait cela. Une fois de plus, John Katzenbach nous offre un thriller haletant.

Chaque chapitre se termine par un dialogue entre une femme dont on ne connaîtra l’identité qu’à la toute fin et l’écrivain qui collige les informations. Le procédé, bien qu’agaçant, permet de prendre un certain recul et de poser certaines questions morales intéressantes.

Katzenbach, John. Faux coupable, Presse de la cité, 2006, 474p.

**** Chagrin d’école, de Daniel Pennac

Chagrin d'école n’est pas à proprement parlé un roman : tout Comme un roman paru en 1992, il s’agit plutôt d’un essai dans lequel l’ancien cancre (c’est lui qui l’affirme) aborde la relation pédagogique qu’il a entretenu pendant des années avec les «mauvais élèves ». Mêlant certains souvenirs de ses propres angoisses d’écolier, des réflexions sur l’école, le rôle des parents, de la consommation à outrance et de la télévision, et explicitant ces dernières par des exemples touchants ou hilarants, Daniel Pennac ouvre une fenêtre d’espoir pour tous ces laissés-pour-compte.

À mettre de toute urgence entre les mains des élèves, des parents et …des enseignants !

Pennac, Daniel. Chagrin d’école, Gallimard, 2007, 305p.

***½ Le liseur, de Bernhard Schlink

Le roman raconte, le film émeut.
Géniale Cate Winslet, superbes David Kross et Ralph Fiennes qui donnent une âme à un texte plutôt froid.






Schlink, Bernhard. Le liseur, Gallimard, 1996, 243p.