****½ Saisons sauvages, par Kettly Mars

Port-au-Prince, 1963. Duvalier élimine ses adversaires en s’appuyant sur ses tontons macoutes et quelques hommes de main qui ont tout intérêt à le satisfaire. Pour sauver son mari qui vient d’être enlevé, Nirvah Leroy se rend chez le secrétaire d'État de la Sécurité publique. Ce dernier, ancien gamin pauvre et noir, est subjugué : cette belle bourgeoise mulâtresse qui ne l’aurait jamais regardée auparavant est maintenant en son pouvoir.

L’auteure trace un portrait tout en nuances de cette femme prête à tout pour sauver les siens. Nirvah est-elle aveugle ou complice? Agit-elle par amour ou pour s’épargner?

Kettly Mars décrit aussi fort bien le climat qui prévaut dans le pays, les tensions qui existent chez ce peuple divisé par la couleur de la peau, la situation économique, la religion, la politique.
Le climat de terreur est permanent : l’homme fort d’aujourd’hui peut être la victime de demain.

Autre élément intéressant quoiqu’un peu déstabilisant. Les courts chapitres sont tous narrés à la première personne, même s’il y a en fait trois narrateurs : Nirvah, sa fille et le secrétaire d’État.

Un roman fort intéressant, une autre vision de ce pays souvent durement éprouvé.


Mars, Kettly. Saisons sauvages, Mercure de France, 2010, 295 p.