**** Le Livre des brèves amours éternelles, par Andreï Makine

"Notre erreur fatale est de chercher des paradis pérennes. Des plaisirs qui ne s'usent pas, des attachements persistants."

C'est  ce qu'affirme l'auteur dans ce roman magnifique. En quelques tableaux  empreints de sensibilité, il nous enjoint de profiter de ces moments magiques que la vie nous distribue au hasard d'un regard, d'une odeur, d'une rencontre. Pourtant,  ses personnages n'évoluent pas dans un monde facile; de l'orphelinat à une pauvre mansarde, de Staline à Poutine, les motifs de réjouissance sont moins nombreux que les occasions de voir que l'homme est un loup pour l'homme. Makine extrait de cette réalité un livre lumineux.

Et comme toujours, je reste ébahie que ce soit un Russe qui me fait redécouvrir la beauté de la langue française!



Makine, Andreï. Le Livre des brèves amours éternelles, Éditions du Seuil, 2011, 204 p.

*** La femme au miroir, par Éric-Emmanuel Schmitt

Trois femmes, trois époques, trois lieux. Chacune veut se dissocier du rôle que l'on attend d'elle: Anne de Bruges éconduit son fiancé pour devenir béguine; à Vienne, Hanna fait une grossesse nerveuse ; Anny tente d'échapper à son statut de star d'Hollywood.  Absentes d'elles-mêmes, de leur corps, elles ne comprennent pas la fascination qu'elles exercent sur les autres.


Les chapitres alternent donc dans cet ordre. Anne évacue peu à peu son mal-être dans la contemplation de la nature et de son Créateur. Hanna se libère à travers la psychanalyse. Quant à Anny, elle a un parcours éclaté entre sexe, drogues et excès de toutes sortes.


Cela aurait pu faire trois nouvelles intéressantes. Mais l'auteur a voulu réunir le destin de ces trois femmes; et le tour de passe-passe pour y parvenir est indigne d'un auteur de sa trempe. 




Schmitt, Éric-Emmanuel. La femme au miroir, Albin-Michel, 2011, 456 p.