**** Dolce Agonia, de Nancy Huston

Nancy Huston a su créer un autre roman original et passionnant. À partir d'un tout petit espace : quelques mètres carrés, moins de vingt-quatre heures, nous sommes dans un huis clos entre gens bien, qui fait penser au Déclin de l'Empire américain. Sean Farrel, professeur d'université, invite des amis et des connaissances à souper pour la Thanksgiving dans sa jolie demeure de New Hamshire. Ils seront une douzaine, entre quarante-cinq et cinquante-cinq ans, une jeune femme et un bébé, bien installés dans une unité de temps et de lieu.

Que va-t-il se passer? Ils arrivent seuls ou en couple; ils s'affairent à préparer le repas où triomphera la dinde traditionnelle. En attendant de se mettre à table, on prend un verre, et deux et trois... les langues se délient, mais pas de scène disgracieuse. En fait, il ne se passe rien d'autre que le repas prévu; tous devront même dormir sur place à cause de la tempête.

L'originalité du roman réside dans l'idée ingénieuse de l'avoir écrit avec l'aide de Dieu. Il nous présente les personnages en prologue, mais les laisse se raconter, malgré quelques interventions en italique où Il annonce la destinée de l'un et de l'autre, combien de temps il leur reste à vivre et comment ils mourront. Dieu ne s'en tient qu'aux origines et aux fins dernières de ses personnages; à eux de se débrouiller avec la vie.

Huston, Nancy. Dolce Agonia, Arles, Actes Sud, 2001, 500p.

Coup de coeur de Claudette St-Denis

**** Lignes de faille, de Nancy Huston

Chaque fois, Nancy Huston nous étonne. Dans ce roman-ci, elle remonte le cours d’une histoire familiale s’étendant sur quatre générations, à travers les propos d’un enfant de six ans, le parent de l’enfant-narrateur devenant le narrateur du chapitre suivant. Ainsi, le secret se découvre peu à peu, les motivations qui nous avaient étonnées s’expliquent, certains mystères et allusions s’éclaircissent. À la fin, la boucle est bouclée et on a tout simplement envie de recommencer! Le roman a gagné le Prix Femina 2006.

De la même auteure, j'ai aussi aimé:
L’empreinte de l’ange
Instrument des ténèbres

Huston, Nancy. Lignes de faille, Arles, Actes Sud, [Montréal, Leméac], 2006, 487 p.