***** Ce soir-là, de Jean-Pierre Ferland

Le 13 janvier 2007, Jean-Pierre Ferland quittait la scène. Heureusement pour nous, le spectacle a été enregistré. Le coffret comprend deux DVD (le spectacle et un documentaire sur la dernière tournée) et deux CD.

Pendant deux heures, «le petit roi» fait avec l'humour qu'on lui connaît le tour de sa carrière, du premier 78 tours à son tout dernier CD. C'est pour nous l'occasion de constater une fois de plus l'importance de cet artiste dans notre paysage musical. Artiste généreux, charmeur, un peu cabotin, le musicien-poète offre ici une prestation à couper le souffle.

À se procurer sans faute !!!

***** Le secret de Maître Joachim, de Sigrid Heuck

J’ai emprunté ce roman à la Grande Bibliothèque. Pourquoi ? Tout simplement parce que j’ai été captivé par cette première phrase : «Tout a commencé le jour où j’ai découvert un cadavre au bord du fleuve.» J’anticipais un bon roman policier. Mais, assez rapidement, je me suis rendu compte que ce volume était en fait un livre de jeunesse. J’ai poursuivi quand même ma lecture car le sujet m’avait rapidement intrigué et même fasciné. Le jeune narrateur, un adolescent de seize ans, est passionné par la lecture et la peinture. Confronté à une toile du peintre Joachim Patinir (c.1480-1524), il raconte comment il a réussi à élucider le secret du grand maître. Cette peinture est reproduite dans les pages de garde. L’auteure, avec finesse et habileté, amène le lecteur à découvrir la peinture flamande en utilisant les méthodes classiques de recherche documentaire. Sa façon de construire tout son récit par la description d’une peinture est étonnante et merveilleuse. Et la structure en abyme de l’oeuvre est assurément exemplaire. Des biographies des personnages historiques évoqués dans le roman complètent le volume. Bref, un roman remarquable, aussi bien didactique que fantaisiste. Une lecture fort agréable !


Coup de coeur de Claude Trudel

**** Larmes de pierre, d'Alexandra Fuller

C’est la fin des colonies britanniques de l’Afrique australe. Sur fonds de guerre d’indépendance et de guerres civiles, Alexandra apprend à se méfier des serpents et des scorpions, à cuisiner l’impala et à vivre entre des parents démunis, alcooliques, racistes, mais toujours à la recherche d’un ailleurs meilleur.

Du Zimbabwe à la Zambie, en passant par le Malawi, l’auteure restitue avec sensibilité et humour les couleurs et les odeurs de son paradis perdu.

Fuller, Alexandra. Larmes de pierres: une enfance africaine, Paris, Éditions 10/18, 2005, 346 p.

*** Patton, de Franklin J. Schaffner

Le film fut encensé par la critique et couronné de 8 Oscars. Et pourtant…

Bien sûr, le général Patton était considéré comme un stratège hors pair. Bien sûr, il a repoussé l'Africa Korps de Rommel et conduit ses troupes à la victoire en Europe. Mais cet homme à l’ego démesuré, persuadé d’avoir participé à Austerlitz, n’avait aucune compassion pour ses soldats épuisés ou en manque de munitions, encore moins pour l’ennemi. Il aimait la guerre, le bruit, le sang. George C. Scott a remporté l'Oscar du meilleur acteur pour sa magistrale interprétation.

Et pourtant, tout en reconnaissant la qualité de ce film, j’ai ressenti un profond malaise. Comme si j’avais du mal à accepter qu’on glorifie un parfait s….., même génial.

Avec George C. Scott et Karl Malden (1970)

***½ Le cahier bleu, de Michel Tremblay

Dans ce 3e et dernier volet, Céline découvre l'Amour avec un grand A. Malheureusement pour elle, l'objet de sa flamme est atteint de folie circulaire, ancien terme désignant la maniaco-dépression, qu'on ne savait pas traiter à l'époque. Malheureusement pour nous, l'héroïne qu'on a appris à aimer a perdu de sa verve, bien qu'il y ait de bien belles pages relatant sa rencontre avec les créateurs de l'Osstidcho. Et Michel Tremblay demeure un très grand écrivain.

Pour en savoir plus sur les deux premiers tomes:


Tremblay, Le cahier bleu, Montréal, Leméac, 2005, 313 p.

*** L'adversaire, de Nicole Garcia

Ce film s'inspire d'un tragique fait vécu: en janvier 1993, Jean-Claude Romand assassine sa femme, ses deux enfants, ses parents, et tente en vain de mettre fin à ses jours. On découvrira qu'il s'était inventé une vie de «médecin» faisant de la recherche pour l'OMS. Il assurait sa subsistance grâce à l'argent que lui confiait les membres de sa famille et ses amis parce qu'il connaissait des «placements sûrs». Il avait réussi à mystifier tout le monde pendant vingt ans.

J’avais déjà vu, au FFM, un film traitant du même sujet, L’emploi du temps (2001). À mon avis, cette version était plus poignante, peut-être grâce à l'interprétation d'Aurélien Recoing.

Avec Daniel Auteuil (2002)

***** Le silence de Clara, de Patrick Cauvin

Clara est autiste. Sa mère ne peut le supporter et quitte le foyer conjugal. Le père rencontre une psychiatre qui lui raconte certaines expériences voulant que l’autisme soit le résultat de la présence d’un deuxième corps qui entre en conflit avec l’autiste. Un événement étrange (que je ne vous révèle pas) se produit, qui semble accréditer cette thèse. Il part donc à la recherche de cette deuxième personnalité enfouie dans le corps et l’âme de sa fille.

J'ai toujours aimé Patrick Cauvin, depuis le jour où je l'ai découvert avec E= mc2 mon amour. J'aime sa façon de naviguer entre réel et imaginaire. Ce roman-ci, construit comme un thriller, n'échappe pas à la règle.

Cauvin, Patrick. Le silence de Clara, Paris, Albin Michel, 2004, 264 p.

***½ Le terminal, de Steven Spielberg

Comme des milliers de touristes, Viktor Navorski débarque à l'Aéroport JFK de New York. Sauf qu’au même moment, un coup d’État éclate dans son pays d’Europe centrale. Son passeport n’est plus valide et il est coincé à l’aéroport.

Les jours passent; les semaines aussi. Peu à peu, il organise sa vie. Librement inspiré d’un fait réel (Karim Nasser Miran, réfugié iranien, est installé sans papiers depuis 1988 à l'aéroport Roissy Charles-de-Gaulle), le film séduit par la personnalité attachante de Navorski et par la pléiade de personnages secondaires savoureux.


Avec Tom Hanks et Catherine Zeta-Jones (2004)

***** Laurier blanc (White oleander), de Peter Kosminski

Adapté du roman de Janet Fitch, Laurier blanc raconte la vie d'Astrid, quinze ans, dont la vie bascule après l'arrestation de sa mère qui a tué son amant. De foyer en foyer, la jeune fille tente de s'adapter à d'autres habitudes, à trouver son propre équilibre alors qu'elle doit s'ajuster à de nouvelles règles. Par-dessus tout, elle tente de s'affranchir de l'influence combien pesante de sa mère. Cela ne se fera pas sans de profonds déchirements.

Deux magnifiques interprètes pour un drame qui ne peut nous laisser indifférents!

Avec Alison Lohman et Michelle Pfeiffer (2003)

***½ Stupeurs et tremblements, d'Alain Corneau

Très fidèle au roman d’Amélie Nothomb, le film raconte l'expérience d'une jeune belge au sein d'une prestigieuse entreprise japonaise. Fascinée par ce pays dans lequel elle a vécu les cinq premières années de sa vie, la jeune femme va rapidement découvrir qu'elle ne partage pas la même culture : les heurts seront fréquents!

Il faut louer le talent des deux actrices principales: un beau duel!

Avec Sylvie Testud et Kaori Tsuji. (2003)

**** Après la noce, de Susanne Bier

Jacob a consacré sa vie aux enfants indiens délaissés. Mais son orphelinat est menacé de fermeture. Un riche donateur lui offre son aide à la condition de rentrer au Danemark pour effectuer la transaction. Sur place, il l'invite au mariage de sa fille qui a lieu le lendemain. Lors de la cérémonie, Jacob comprend que sa présence n'est pas le fruit du hasard.

Film intimiste et touchant, bien servi par des interprètes remarquables.

Film danois avec sous-titres (2006)

Avec Mads Mikkelsen, Sidse Babett Knudsen, Rolf Lassgard et Stine Fischer Christensen.

***** Les fabuleuses aventures d’un Indien malchanceux qui devint milliardaire, de Vikas Swarup

Comment un jeune serveur dix-huit ans, pauvre et inculte, peut-il triompher à l'émission "Qui veut gagner un milliard de roupies?". Évidemment, on le soupçonne d'avoir triché. Pour prouver son innocence, Ram Mohammad Thomas nous plonge dans l'histoire de sa vie. Et c'est avec délice que nous découvrons son parcours fabuleux.

L’auteur sait bien tisser sa trame, malgré les nombreux retours en arrière. Le récit est parfois drôle, parfois triste, et les personnages attachants. Une belle découverte!

Swarup, Vikas. Les fabuleuses aventures d’un Indien malchanceux qui devint milliardaire, Paris, Belfond, 2006, 363 p.

****½ Arthur & George, de Julien Barnes

Arthur, c’est Arthur Conan Doyle, l’auteur de Sherlock Holmes. Quant à George, c'est un Anglais d’origine parsi, injustement accusé et condamné. Il fait appel au célèbre écrivain qui prendra sa défense. Moins célèbre que l'Affaire Dreyfus, l'Affaire Edalji montre une fois de plus que la justice a plus d'un visage et que la vérité triomphe rarement de la mauvaise foi.

Le procédé utilisé par Julian Barnes est des plus intéressants. En effet, il alterne l'histoire de l'un et de l'autre, accentuant ainsi leurs différences. De plus, il sait ménager ses effets, de sorte qu'on a souvent l'impression de lire un thriller plus qu'une tranche de vie.

Barnes, Julian. Arthur & George, Paris, Mercure de France, 2007, 552 p.