*** Le secret, d’Anna Enquist

Toute l’enfance de Dora Dorique a été marquée par les silences et les non-dits. Comment une enfant peut-elle comprendre que certaines personnes sont menacées par le régime nazi et qu’il vaut mieux se taire? Seule échappatoire, la musique; elle sait mieux dire encore que les mots.

Devant abandonner sa carrière de pianiste, Dora se remémore sa vie. Les retours en arrière se mêlent habilement au présent, jusqu’à ce secret qui n’est pas celui que l’on croit. L’auteure excelle à recréer les atmosphères, les émotions aussi. Mais j’ai moins aimé ce roman que Le retour, qui avait une facture plus originale.

Enquist. Anna. Le secret, Paris, Actes Sud, 2003, 230 p.

**** Le Cercle du karma, de Kunzang Choden

Première romancière bhoutanaise, Kunzang Choden séduit par son immense talent.

Son héroïne Tsomo aimerait être instruite des enseignements de Bouddha. Mais elle est femme et cela ne se fait pas. Elle se met donc courageusement à la recherche de lamas qui voudraient l’éclairer. Son voyage à travers le Bhoutan, le Tibet, le Népal et l’Inde est ponctué de drames mais aussi de rencontres merveilleuses.

Ce qui fascine surtout, c’est la découverte d’une société si différente de la nôtre, où l’entraide est de mise. «Le riche fait la charité; le pauvre partage ce qu’il a.» La quête du bonheur et de la sérénité prime sur l’envie de biens matériels. L’auteure nous donne envie d’en connaître plus sur le bouddhisme et sur son pays où le roi se préoccupe non pas de PIB mais de BNB (bonheur national brut).

On peut lire une entrevue très intéressante avec l’auteure à cette adresse.

Choden, Kunzang. Le Cercle du karma, Paris, Actes Sud, 2007, 430 p.

**** Dans ses yeux, de Juan José Campanella

Buenos Aires, 1974. Une jeune femme est sauvagement assassinée. L’enquêteur chargé de l’affaire est obsédé par ce meurtre, même vingt-cinq ans plus tard alors qu’il tente d’écrire un roman basé sur ce crime. S’ensuivent de nombreux allers-retours entre hier et aujourd’hui, donnant un portrait saisissant du besoin de justice mais aussi de l’impuissance des «petits» face à la violence des «puissants».

À la fois polar, thriller, drame avec des moments de grande comédie, Dans ses yeux est un film captivant, porté par de très grands interprètes. Malgré les revirements de situation, le spectateur ne perd jamais le fil tellement le réalisateur a bien construit son scénario. La fin, nullement prévisible, vaut le détour.

Il méritait son Oscar de meilleur film étranger.

Version originale en espagnol (El Secreto de Sus Ojos), avec sous-titres français

Avec Soledad Villamil et Ricardo Darin (2009)