Jusqu’au terme de sa lecture, le lecteur est tenu en haleine.
Coup de cœur de Claude Trudel
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Commentaires de romans, de films et de spectacles sur support DVD
Un scénariste de renom est très fier de son dernier synopsis. Malheureusement pour lui, un drame survient près de chez lui et présente des similitudes troublantes avec son scénario. Il le modifie de façon drastique sauf que la réalité semble vouloir le rattraper…
On se dit d’abord que ce récit est bien prévisible, jusqu’au moment où il faut bien avouer qu’on s’est fait avoir…
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«J’ai raté ma vie », soutient l’auteur. Ni la renommée, ni l’argent, ni l’alcool, ni le sexe n’ont suffi à combler l’abîme creusé par le départ de la femme qu’il aimait. La même semaine, il apprenait qu’il était atteint d’un cancer du larynx. Il se bat, mais sans passion, parce que le suicide n’est pas une option et parce que sa mort ferait trop de peine aux gens qui l’aiment.
La mort, la vie : le récit alterne en chapitres ainsi nommés. Gil Courtemanche se livre sans pudeur, espérant que son témoignage évitera à d’autres de commettre les mêmes erreurs. Un roman coup de poing.
Courtemanche, Gil. Je ne veux pas mourir seul, Boréal, 155 p.
Guillaume Corbeil s’est effacé devant l’interviewé, et c’est tant mieux. On a ainsi l’impression d’avoir un accès direct aussi bien à Brassard qu’à André. Ce dernier se met véritablement à nu : son enfance dévastée par le mensonge, son homosexualité, son goût pour la jeune chair, sa cocaïnomanie, sa colère face à cet AVC qui l'a laissé diminué, sa solitude.
Le metteur en scène génial qui a révolutionné le théâtre en montant 88 spectacles nous livre ses réflexions sur le métier d’acteur, sur le respect du texte, sur sa carrière, sur la vie, sur l’indépendance du Québec…Il se livre sans pudeur mais sans flagornerie non plus. Un livre touchant.
Corbeil, Guillaume. Brassard, Libre Expression, 2010, 280 p.
Constitué de courts chapitres, ce livre n’est pas un roman mais plutôt une chronique des événements, une série d’observations et un témoignage des émotions qui ont assailli l’auteur pendant et après le séisme qui a secoué Haïti.
Lui-même se pose la question sur la pertinence d’écrire ce livre. À cet égard, le récit nous convainc de la nécessité de son propos, ne serait-ce que pour nous éclairer sur la culture haïtienne, nous alerter contre une volonté de tout faire à notre façon, et surtout, nous empêcher d’oublier.Comment fait-on pour continuer à vivre quand on a perdu son enfant? Cette question, le personnage que joue François Papineau la pose à plusieurs reprises. Heureusement, le réalisateur Louis Bélanger évite d’y répondre : cela démontre un grand respect pour la douleur des autres.
Le jeu des comédiens est excellent et les images, magnifiques. Lae réalisateur accouche d’un bon film, mais malheureusement, il s’égare quelquefois en voulant ratisser très large : la maltraitance des aînés, la guerre de Bosnie, la petite délinquance … On ne trouve pas dans ce film la même unité de ton qui a fait la renommée de son précédent film Gaz Bar Blues.
Avec François Papineau et Alexis Martin (2010)
En marge du destin de cette femme exceptionnelle, l’auteure évoque le climat de l’époque où les artistes étaient des intimes des papes comme des rois et jouaient des jeux politiques importants. Une rivalité sans borne secouait Rome, Florence, Naples, Venise, Londres. Artemisia y brilla tour à tour. Les pages les plus intéressantes restent celles où Alexandra Lapierre décrit avec forces détails les tableaux peints par cette grande artiste.
Lapierre, Alexandra. Artemisia. Un duel pour l'immortalité, Robert Laffont, 1998, 526p.
Connelly, Michael. Le Verdict du plomb, Seuil Policiers, 2009, 457 p.
Chef-d’œuvre absolu! Denis Villeneuve signe le film le plus abouti de sa carrière et le plus achevé de notre jeune cinématographie.
L’auteur de la pièce, Wajdi Mouawad, lui a laissé carte blanche. Il ne doit pas être déçu tant le réalisateur a su bien choisir ses interprètes, soigner les images et la musique et surtout, donner un poids sans pareil aux regards et aux silences.
Un film remarquable par sa pudeur et sa dignité. À voir absolument!
Avec les exceptionnelles Lubna Azabal et Mélissa Désormeaux-Poulin, ainsi que Maxim Gaudette et Rémy Girard, toujours très bons. (2010)
L’auteure a choisi de mêler l’histoire d’un couple à
Le ton est souvent poétique, parfois didactique, la plupart du temps grave. Car les amants se questionnent (trop?) sur l’empreinte de l’homme qui construit et déconstruit. Un livre qu’on lit lentement, pour le savourer.
Michaels Anne, Le Tombeau d’hiver, Éd. Alto, 2010, 425 p.
L’auteure a choisi de mêler l’histoire d’un couple à
Le ton est souvent poétique, parfois didactique, la plupart du temps grave. Car les amants se questionnent (trop?) sur l’empreinte de l’homme qui construit et déconstruit. Un livre qu’on lit lentement, pour le savourer.
Michaels Anne, Le Tombeau d’hiver, Éd. Alto, 2010, 425 p.
Liz a tout pour être heureuse : pourtant elle ressent un grand vide qu’elle tentera de combler en Italie (pour manger), en Inde (pour prier) et à Bali (pour aimer).
Tiré d’un roman qui a fait recette, le film a reçu plusieurs critiques élogieuses. Pourtant, je n’ai pas accroché du tout, malgré les beaux paysages. Il y a à mon avis un problème de casting : comment croire à la détresse d’une Julia Roberts, qui respire la santé, la joie de vivre, le bonheur? Il faut plus que quelques froncements de sourcils pour incarner le désarroi : on n’a qu’à penser à Julianne Moore dans The Hours.
Dommage, il y avait matière à réflexion. Le réalisateur a en fait un film gentil. Et qui gagnera peut-être des Oscars!!!
Avec Julia Roberts, Javier Bardem, James Franco et Billy Crudup (2010)
Les critiques sont dithyrambiques. C’est le film culte de la décennie, paraît-il. Effectivement, le film étonne au niveau des effets spéciaux; ils sont carrément spectaculaires. L’intrigue est de prime abord fort originale : implanter une idée à un industriel en pénétrant son subconscient. Le moyen d’y parvenir est complexe, on s’en doute. Et c’est là que le bât blesse. Peut-être plusieurs visionnements permettraient-ils de démêler l’écheveau conçu par le scénariste; mais qui a envie de revoir un film purement cérébral, sans émotions? Car malgré le talent de DiCaprio et des autres acteurs, on ne s’attache pas vraiment aux personnages. De belles images, de l’action, des revirements inattendus; et pourtant, le film m’a paru bien long.
Avec Léonardo DiCaprio, Ellen Page, Marion Cotillard (2010)
La critique a écorché un peu ce film que j’ai bien aimé. S’il est vrai que les vingt dernières minutes sont absolument époustouflantes, le reste du film nous réserve de beaux moments d’émotion. Les allers-retours sont nombreux, peut-être trop, mais ils nous permettent de mieux découvrir le caractère de cet homme hors du commun, qui mérite tout notre respect et pas seulement à cause de l’exploit que l’on sait.
Avec Michel Côté, Maxime Leflaguais, Sophie Prégent et Normand D'Amour, tous excellents! (2010)
Quelle idée saugrenue que ce roman formé uniquement de courriels! Dès les premières phrases, on connaît le meurtrier puisque c’est lui qui écrit à celle qui le jugera, si toutefois la polile réussit à le localiser. Ce qui n’est pas sûr puisqu’il s’agit d’un crack de l’informatique qui veut absolument expliquer pourquoi il a tué son ancien associé et pourquoi il devra commettre un autre crime. Plus qu’un thriller, Perrissinotto nous offre ici une critique fort juste d’une société à la dérive, où le blanchiment d’argent et autres arnaques deviennent
Perissinotto, Alessendro. À mon juge, Gallimard, Série Noire, 2008, 288 p.
Dernier volet de la Diaspora des Desrosiers, ce roman de Michel Tremblay nous donne le goût de relire toute l’œuvre de cet auteur hors norme.
Nana est déçue que sa mère songe à s’offrir une semaine de vacances avec ses sœurs en les laissant, elle et son frère Théo, aux bons soins d’une voisine. Mais le destin n’a pas dit son dernier mot. Et ces vacances seront l’occasion de se dire, souvent de façon maladroite, tout l’amour qu’on se porte, et de renouer avec certains personnages qui ont fait nos délices.
Car Michel Tremblay sait étonner.
Bien sûr, le critique musical de La Presse n’a pas aimé. C’était tellement prévisible! D’autres intellos ont trouvé que ceci, ou cela, bref ont démoli le film de Luc Dionne. Comme beaucoup d’autres, j’ai bien aimé que le réalisateur fasse la partie belle à la musique d’André Mathieu. Tant pis si les personnages secondaires sont peu développés. Tant pis si les documents d’archives ne s’insèrent pas toujours sans heurt. L’important, c’est que nous apprenions à aimer la musique de ce génie si mal-aimé. Et ça, Luc Dionne et ses interprètes le réussissent très bien. Chapeau! Un film à voir!
Avec Patrick Drolet, Marc Labrèche, Macha Grenon etGuillaume LeBon (2010)
Harry se réfugie à Paris pour échapper à la justice de son pays : une aventure avec une de ses étudiantes a tourné à
J’ai été conquise aussi par ce roman aux allures de polar presque jusqu’à la fin. Le rythme, le ton, le décor, les personnages, les revirements de situation rendent la lecture très agréable jusqu’au moment où on se dit que non, vraiment, là l’auteur exagère. Dommage!
Kennedy, Douglas. La femme du Ve, Belfond, 2007, 378 p.
Toute l’enfance de Dora Dorique a été marquée par les silences et les non-dits. Comment une enfant peut-elle comprendre que certaines personnes sont menacées par le régime nazi et qu’il vaut mieux se taire? Seule échappatoire, la musique; elle sait mieux dire encore que les mots.
Devant abandonner sa carrière de pianiste, Dora se remémore sa vie. Les retours en arrière se mêlent habilement au présent, jusqu’à ce secret qui n’est pas celui que l’on croit. L’auteure excelle à recréer les atmosphères, les émotions aussi. Mais j’ai moins aimé ce roman que Le retour, qui avait une facture plus originale.
Enquist. Anna. Le secret, Paris, Actes Sud, 2003, 230 p.
Première romancière bhoutanaise, Kunzang Choden séduit par son immense talent.
Son héroïne Tsomo aimerait être instruite des enseignements de Bouddha. Mais elle est femme et cela ne se fait pas. Elle se met donc courageusement à la recherche de lamas qui voudraient l’éclairer. Son voyage à travers le Bhoutan, le Tibet, le Népal et l’Inde est ponctué de drames mais aussi de rencontres merveilleuses.
Version originale en espagnol (El Secreto de Sus Ojos), avec sous-titres français
Avec Soledad Villamil et Ricardo Darin (2009)
À l’origine, l’immeuble Youcabian abritait la fine fleur de la société cairote. Celle-ci émigra lors de l’arrivée au pouvoir de Nasser. Aujourd’hui, le bel édifice Art Déco est habité par de nouveaux riches; y travaillent des miséreux qui ont fui la campagne pour investir les terrasses du bâtiment.
Que peut ressentir une femme de marin qui attend depuis trois ans le retour de son mari? C’est le pari qu’a pris l’auteure Anna Enquist qui voulait raconter l’histoire du célèbre navigateur et cartographe James Cook mais à travers les yeux et le cœur de son épouse. Pari tenu haut la main tellement on s’attache à cette femme de tête que les coups durs n’épargnent pas. Elle ne cesse d’essayer de seconder son mari et de lui rendre la vie agréable sur la terre ferme afin qu’ils puissent avoir une vie de famille normale. Mais les doutes l’assaillent sans cesse et le dialogue est difficile, malgré l’amour et le respect qu’ils éprouvent l’un pour l’autre.
Enquist, Anna. Le retour, Paris, Actes-Sud, 2007, 493p.
Trente ans après le suicide de l’écrivain Alejandro Bevilacqua un journaliste recueille le témoignage de quatre proches : son confident, sa dernière compagne, un ancien prisonnier politique ayant partagé la même cellule et son éditeur. Quatre témoignages, quatre visions tout à fait différentes, voire divergentes. Qui croire? L’auteur mêle les pistes, nous suggère que la vérité, la «vraie vérité», n’existe pas. D’ailleurs, n’est-ce pas un indice que d’avoir intitulé le chef d’œuvre de Bevilacqua Éloge du mensonge?
Un roman à l'allure de polar, qui procure de belles heures de lecture.
Manguel, Alberto. Tous les hommes sont menteurs, Actes sud, 2009, 200 p.
Il faut beaucoup d’audace pour écrire l’histoire d’un hôtel; il faut beaucoup de talent pour y intéresser le lecteur. C’est le pari que relève avec brio Pierre Assouline. Le choix de l’hôtel n’est pas anodin : le Lutetia a connu un destin particulier. D’abord fréquenté par de grands noms (James Joyce, Henri Matisse, Albert Cohen, entre autres) puis réquisitionné par les Allemands qui y installent l’Abwehr, le Lutetia fut aussi le refuge de tous les déportés (on aimait mieux le terme mois choquant de rapatriés) des camps de concentration.
Deux cousins ayant fait l’Algérie. Leur rancœur couvait bien avant et aura survécu bien après. Mais voilà qu’elle ressurgit lors d’une fête. Et tout ce qu’ils auront tu, car «l’Algérie, on n’en a jamais parlé. Sauf que tous on savait à quoi on pensait lorsqu’on disait nous aussi on est comme les autres, et les animaux valent mieux que nous, parce qu’ils se foutent pas mal du bon côté».
Pour dire la souffrance du souvenir, l’écrivain recourt à un procédé qui rend la lecture difficile : phrases incomplètes, répétitions, retours. L’histoire se compose peu à peu, et le lecteur doit faire un effort pour remettre en place les pièces du casse-tête. Car l’auteur s’attache d’abord aux sentiments, aux émotions. Un roman âpre mais fascinant.
Mauvignier, Laurent. Des hommes, Minuit, 2009, 281 p.
J’aime découvrir de nouveaux auteurs. Fiona Capp s’appuie sur l’histoire de son arrière-arrière-grand-père parti de l’Italie pour chercher fortune en Australie. Mais le reste est fiction, superbement bien écrit.
Son héroïne Emma Musk est une femme indépendante, passionnée de peinture moderne et partant, mal vue de la bonne société. Elle semble pourtant se ranger, vivre une vie conforme à ce qu’on attend alors d’une femme et d’une mère (nous sommes à la fin du XIXe siècle). Mais la vie lui réserve de bien mauvaises surprises. Elle aura fort à faire pour rester fidèle à elle-même.
Capp, Fiona. Portrait de l'artiste en hors-la-loi, Ed. Actes Sud, 2009, 363 p.
Film âpre, très dur : le noir et blanc s’imposait. Dans ce village allemand, la morale prônée par le pasteur protestant est rigide. Mais l’ordre social est perturbé par divers incidents dont on ne connaîtra pas, de façon sûre, les coupables. C’est le choix du réalisateur : montrer qu’une société privée de tout espace de liberté peut donner naissance aux extrémismes comme le nazisme.
Les visages sont le plus souvent fermés, la cruauté n’est jamais loin, certaines répliques donnent froid dans le dos ; mais voilà que le sourire d’un enfant ou un paysage lumineux allège l’atmosphère.
Un grand film !
Avec Christian Friedel, Burghart Klaussner, Leonie Benesch, Ulrich Tukur, Rainer Bock, Susanne Lothar, Maria-Victoria Dragus, Leonard Proxauf, Roxane Duran. (2009)
Issu d'une vieille chanson, le premier roman d' Alessandro Perissinotto est un roman policier d'un genre inédit. Chaque chapitre a pour point de départ une strophe de la chanson; l'écriture se modèle sur la langue de l'époque. Car cette histoire a eu lieu il y a plus de cinq siècles.
Colombano, tailleur de pierres, a été engagé pour creuser la montagne afin d'acheminer l'eau vers les terres arides. Mais un jour, quatre cadavres sont trouvés près de son chantier.
Les villageois de Chiomonte ont tôt fait de le désigner comme coupable. Seul Ippoloto Berthe, jeune ecclésiastique et juge met sa culpabilité en doute. Avec lui, nous cherchons la vérité qui se cache derrière les allégations issues de superstitions et d’ignorance.
Vraiment très intéressant!
Perissinoto, Alessandro. La chanson de Colombano, Folio Policier no 336, 2002, 244p.
J’avais été fascinée par le premier roman du Dr Korn-Adler, La vie aux enchères qui traitait du trafic d’organes. Ce nouveau roman aborde d’autres problématiques : les organismes génétiquement modifiés, les avancées technologiques, le cynisme des bandits à cravate.
Korn-Adler, Raphaël. Sao Paulo ou la mort qui rit, Éditions Hurtubise inc., 2002, 544p.
Pour en savoir plus sur le lecteur gratuit Stanza et sur les livres numériques vous pouvez consulter l'excellent article de Claude Trudel sur son site Trouvailles.